rouge gris et rouge

28 mars 2010

Je me rappelle de ce samedi-là, un jour de mai. Elle était triste à cause de son chum, une connerie, comme toujours. Elle avait crié au téléphone, en se réveillant. C’est ce qui m’avait réveillé. Après, les fraises coupées en coeur, elle et moi sur le balcon et le soleil plus tard, à la fin de l’après-midi. Une bouteille deux trois quatre cinq bouteilles de vin, avec eux tellement amoureux et moi je suis bien toute seule et elle esti qu’il me fait chier. Le lendemain de veille, sur la Plaza, à essayer des robes de mariées en pleurant en cachette dans la cabine. Un sundae au chocolat avec vraiment beaucoup de pinottes. La pluie. Les gougounes mouillées. L’été bientôt.

Ensemble, on a compté 1789 petits coeurs à la cannelle dans le bocal rouge. On s’est assis sur le banc près du parc et on a ri on a ri tellement longtemps parce que la glace sous la neige et tous ceux qui se plantaient parce que tsé, la glace sous la neige ça glisse, les flocons qui tombaient sur mes mitaines et sur ta tuque bleue à pompon, le chocolat chaud même pas chaud, mes pieds gelés, mes mains gelées, mon nez gelé mais mon coeur pis ton coeur aussi peut-être sûrement, tellement hot. Tu m’as dit des choses qu’on oublie pas, jamais. Je t’ai demandé mille fois pourquoi tu ris et tu as répondu je ris pas, je te souris sti. Ensemble, on compte des coeurs à la cannelle. On écrit dans les miroirs. Pis on invente des histoires.

Il a bu un café. J’ai préféré un lait chaud à la vanille/cerise. Il a parlé de mes cernes dors-tu assez? J’ai répondu je dormais mieux avec toi. Il n’a pas été trop content, il a même soupiré un peu, je pense. On aurait pu croire que le lait chaud à la vanille/cerise, ça saoûle, parce que ça m’a donné les joues rouges pis je me suis mise à dire tout plein de conneries genre on pourrait essayer encore, j’aime comme une retardée mais j’aime quand même tsé, on pourrait retourner au resto qui t’a donné le flu, dis donc oui tu pourrais fumer des smokes en-dedans, remember? – faudrait juste fermer le rideau. 

Il a fini par me dire quelque chose comme tu es très cute mais je ne t’aimerai jamais crisse, je le sais je le sens. Mais c’était dit gentil, pas comme ça, pas comme une bombe dans ma face de joues rouges. Il m’a donné un bec sur le front. Il a dit aussi c’est mieux qu’on ne se revoit plus, finalement. J’ai trouvé qu’il avait donc raison mais crisse que c’est pas comme ça dans les films de Noël. Il a remis sa belle tuque, pas celle de cet automne, une autre, celle de l’hiver et des tempêtes. Il a dit salut petite princesse. Moi, j’ai rien dit parce que ça me faisait un peu mal dans mon coeur de petite princesse.

J’ai essayé que mes yeux n’aient pas l’air trop triste, j’ai marché sur la plaza st-hubert en ayant très peur de glisser sur une plaque de glace. J’ai croisé un vieil ami du secondaire je viens de tomber en vacances, as-tu envie de boire une bière? Je l’ai suivi. J’ai envie de boire mille bières. Il a rit. T’as pas changé qu’il a dit.

Non crisse, y’a rien qui a changé.

Elle a dit Vous inventez du rêve et vous détruisez la réalité. Et j’ai ri tellement fort sur fond de musique classique.. mais j’aurais pu pleurer aussi. Parce que god, j’haïs trop trop ça, la musique classique.

Elle a dit autre chose aussi, genre vous n’avez rien à perdre. Et j’ai encore ri. Parce que je l’ai déjà perdu..

Elle doit me trouver très très crazy parce que je ris trop fort sur le petit divan rouge, à côté de la boîte de kleenex et de la fenêtre qui donne sur le stationnement. Habituellement, ici.. les gens sont tristes. Sinon, il y a ceux qui rient très fort et qui remarquent le stationnement et la boîte de kleenex qui sert à rien.

Je n’ai pas ri. Moi, je ne suis pas triste mais souvent, ça tremble dans ma maison.. à cause du froid.

Surtout, surtout, n’arrêtez jamais d’écrire.
Ça vous laisse en vie.

Il y a des jours avec des framboises et du chocolat. Des jours à pédaler sur De Lorimier en hurlant le plus fort possible les mauvaises paroles d’une toune de Marie Carmen. Des jours à rire plus fort que la petite voix qui crie. D’autres jours à pleurer à côté d’un filet de hockey. Il y a des jours où tu prends le windex pis oui oui, tu laves la vitre avec les coeurs dessus. Les jours avec six messages sur le répondeur je pensais à toi. Des jours à acheter n’importe quoi à la librairie. Il y a des jours du chocolat, deux sacs de chips, du chocolat, des bonbons sûrs, des bonbons en gélatine. Des jours où l’espoir de l’entendre monter l’escalier. Des jours fuck off. Des jours c’est donc ben beau. Des jours où tu demandes une autre chance. D’autres jours où c’est toi qui pars.

confusée

14 mars 2010

Elle m’a préparé un gros bol de popcorn extra beurre en chantant cette toune-là qui console à chaque fois. Et lui qui ne m’appelle jamais, il a appelé. Pour prendre des nouvelles. Parce qu’il les sent ces choses-là qui brisent le coeur juste un peu et comme à chaque fois, il m’a offert une folie, boire une deux quatre bouteilles de vin et se rappeler ces anciennes nuits passées ensemble, veux-tu même si tu tousses encore, j’ai dit oui en riant trop fort. Il y a aussi cette amie depuis toujours et le lait chaud à la cerise qui goûtait le bonheur. Dans sa voiture, on aurait pu partir pour le bout du monde et revenir demain ou après-demain. Ça ne me dérangeait même pas parce qu’elle était là et le banc chauffant et la fenêtre ouverte et la pluie qui me tombait dessus et la musique très forte.  

Pis un truc si tu as la grippe, pas de vaseline ou de vicks sur ton nez trop mouché et brisé. Du polysporin, ok?

l’amour à Montréal

11 mars 2010

C’était une journée un peu comme les autres, je pensais à toi très fort et je voyais partout des coeurs la lumière là, regarde, on dirait un coeur pendant qu’il commandait quatre hot-dogs all-dressed tu capotes, y’a pas de coeur nulle part, c’est n’importe quoi tes histoires de coeur.  

Puis sur le boulevard, il y a eu la fille saoûle qui m’a choisi moi, parce que pour les histoires d’amour, c’est toujours moi qu’on choisit excuse-moi tsé, mon chum est parti en disant qu’il ne m’aimait plus, il va sûrement revenir hen, il va revenir dans une semaine ou deux parce que le crisse d’amour, c’est censé durer toujours, pas vrai? pis après ça, la fille saoûle qui a tellement beaucoup pleuré sur le coin de la rue.

On a marché ensemble, je lui ai raconté l’histoire des balançoires, que oui des fois, on dirait que ça peut durer toujours. Je lui ai aussi raconté l’autre histoire, celle des matins gris. Ou cette fois-là avec la même chanson, toujours, sur repeat. On a parlé des croissants brûlés, des balounes éclatées et de la buée, partout dans la fenêtre. Il ne reviendra sûrement pas c’est elle qui l’a dit, très tard dans la nuit, en me serrant dans ses bras, juste avant de me dire merci.

Puis il y a ce dimanche de novembre à Montréal.
Et l’espoir d’être ailleurs, avec toi.  
Parce que oui, encore aujourd’hui, je partirais avec toi.

Elle m’a raconté cette histoire, incroyablement triste histoire. Elle m’a choisi moi, à cause du coeur brodé sur mon manteau, elle me l’a avoué, comme ça j’ai envie de te la raconter à toi parce que tu vas comprendre et c’est de ça que j’ai besoin, une fille avec un coeur sur son manteau, une fille qui comprend.

Je l’ai rencontré à l’épicerie, elle prenait machinalement les articles sur sa liste pour les déposer dans son panier, elle pleurait aussi, tellement. Et moi, quelqu’un qui pousse son panier d’épicerie en pleurant, c’est une des choses les plus tristes que j’ai vue de ma vie. Je me suis arrêtée tout près d’elle et j’ai déposé des graines de tournesol multicolores au chocolat dans son panier ça console, tu vas voir.

Et je n’aurais peut-être pas dû parce qu’elle a pleuré encore plus fort. En me disant des choses comme il m’avait promis de m’aimer toujours. Je ne la connaissais pas cette fille-là qui pleurait parce qu’il m’avait promis de m’aimer toujours. Et je ne suis pas très bonne devant le très grand chagrin des autres.

Mais j’ai un souvenir..
Cette fois-là, à l’épicerie, je me suis promis d’aimer pour toujours.. juste trois jours à la fois.

away avec toi

4 mars 2010

On pourrait partir, toi et moi, sans le dire à personne. C’est à cause de la toune, Recommencer, celle de Jean Leloup. Tu m’appelerais un matin très tôt prépare-toi, des morceaux de ta vie dans ton sac à dos, rien d’important, juste l’essentiel. Je rirais probablement très fort, crazy crazy oui, on va revenir? Tu ne répondrais pas dépêche-toi, j’arrive c’est tout ce que tu me dirais j’arrive. J’imagine que juste là, à ce moment-là, je pleurerais en choisissant le crayon rose parmi tous les autres, le crayon rose dans mon bagage, pour écrire écrire, du matin au soir, ne rien oublier de tout ça, cette fois-là où nous sommes partis, toi et moi, en ne sachant même pas si on allait revenir.

après le drame

2 mars 2010

On est tombé sur cette photo-là par hasard et il a dit putain, on dirait toi, les lumières de Noël, la couronne dorée, un lit défait et une princesse échouée, elle s’ennuie elle aussi, elle s’ennuie tellement, comme toi hen Anna, comme toi.

Je lui ai dit que j’allais mieux, que la peine a laissé sa place à ce que je craignais le plus au monde entier, un sentiment qui mêle la désillusion et la tiédeur – une indifférence face à l’amour, un désintérêt presque c’est sûrement juste pas pour moi, tout ça.

Il a dit ben voyons donc. Elle aussi elle a dit ben voyons donc. Pis je les ai regardé avec une face d’ado qui juge tellement tout le monde fuck man, arrêtez de dire : ben voyons donc. Pis après tu vas trouver un gars avec des couilles bientôt ça va durer tellement longtemps c’est toi qui va s’écoeurer il va t’aimer likecrazy pour vrai tu vas être une fucking princesse vous allez vous marier sur la plage tu vas pleurer tellement ça va être trop beau pour être vrai.

J’ai souri vous êtes cutes, vraiment.

Pis ça m’a fait penser à la pièce Porc-Épic :

m’aimes-tu, toi ?  – le gars
es-tu du genre à t’envoler ?  – la fille